Le prix Leroi-Gourhan

Un soutien aux doctorants

Le prix Leroi-Gourhan a été créé en 2007 pour distinguer et aider dans ses travaux un étudiant du Muséum national d’histoire naturelle engagé dans une recherche doctorale qui contribue au contenu scientifique ou culturel du musée de l’Homme.

Décerné pour la première fois en 2008, le prix a été attribué récemment :

  • en 2016, à Laetitia Demay pour son travail sur l’acquisition et l’exploitation de la faune par les groupes humains face aux changements environnementaux durant le Pléniglaciaire en Europe orientale.

  • en 2017, à Omar Choa pour ses recherches sur les premiers homo sapiens dans les archipels d’Asie du Sud-Est.

  • en 2018, à Camille Devineau pour ses travaux sur les masques blancs en action, musique et danse chez les Bwaba du Burkina Faso.

  • en 2019, à Hélène Monod pour ses études techniques et fonctionnelles de séries lithiques atériennes nord-africaines au Middle Stone Age.

  • et en 2020, à Wanda Zinger, pour son travail sur le peuplement des Îles du Pacifique et les enclaves polynésiennes au Vanuatu.

  • en 2022, à Salomé Strauch pour son travail sur les processus évolutifs des harpes d’Afrique centrale.

Le 16e prix Leroi-Gouhan

Le 16e prix Leroi-Gouhan a été attribué à Julia Cabanès pour son travail sur « les sphéroïdes au Paléolithique inférieur en Europe et Afrique : étude comparative et intégrative d’objets énigmatiques et emblématique ». Il lui sera remis le 4 mars 2024 par Pierre-Jean Texier, directeur de recherche émérite du CNRS.

Julia Cabanès est docteure en Archéologie, ethnologie et préhistoire au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

Titulaire d’une licence en Sciences de la Vie (Sorbonne Université) et d’un Master en Quaternaire et Préhistoire au MNHN, elle a mené sa thèse sous la direction de Marie-Hélène Moncel, directrice de recherche CNRS au MNHN. Julia Cabanès a soutenu sa thèse le 15 décembre 2023.

Au cours de son Master, Julia Cabanès s’est spécialisée en tracéologie, une discipline au cœur de son sujet de thèse qui avait pour objectifs de mieux comprendre les modes de production et d’utilisation des objets préhistoriques énigmatiques appelés « sphéroïdes », des pièces ayant une forme pouvant aller jusqu’à la sphère parfaite et dont les fonctions restent inconnues. Ces artefacts comptent parmi les plus anciens objets en pierre taillée manufacturés par les hominines, qui les ont produits pendant deux millions d’années à travers l’Afrique et l’Eurasie. Bien que ces pièces soient très fréquentes dans les sites d’Afrique et d’Asie, elles sont curieusement rares en Europe. Ces problématiques ont été abordées au travers d’une large étude comparative et intégrative en combinant des données archéologiques (analyse technologique, tracéologique et métrique d’un corpus de 513 PSBs (polyèdres, sphéroïdes et bolas) provenant de neuf assemblages de France et d’Afrique du Nord, datés entre 1,78 et 0,169 million d’années), expérimentales et ethnohistoriques. Le bilan de cette étude a également permis d’alimenter les débats sur la présence d’objets apparemment identiques dans des registres archéologiques éloignés dans le temps et l’espace et de discuter la question d’objets issus d’histoires locales indépendantes. L’ubiquité et la pérennité des PSBs font de ces objets des éléments « traces » qui pourraient permettre d’identifier les diffusions de comportements technoculturels et des populations à travers le Paléolithique, ainsi que les traditions régionales.

Dans sa thèse, Julia Cabanès tente ainsi de percer une partie du mystère qui entoure ces objets. Selon ses résultats, les PSBs incluent une grande diversité de pièces, ayant divers modes de production et d’utilisation potentiels. Dans la plupart des cas, ces objets semblent avoir été façonnés pour réaliser des tâches demandant une résistance à des chocs violents (par exemple, briser des os pour en extraire la mœlle). Julia Cabanès propose également une hypothèse pour expliquer la rareté de ces objets en Europe du Nord-Ouest, qui pourrait être due à une combinaison de facteurs environnementaux, culturels et fonctionnels. Elle identifie aussi des similarités entre les PSBs du sud-ouest de l’Europe. Au travers de sa thèse, Julia Cabanès a pu comparer des zones géographiques et des périodes différentes, des matières premières différentes, des pièces issues de fouilles anciennes et récentes, dans une large étude intégrative et comparative. En multipliant les études expérimentales et archéologiques, elle pourra continuer de tester les hypothèses qu’elle propose dans son étude.

Les Amis du musée de l’Homme, Le prix Leroi-Gourhan, Julia Cabanès, photographie : © Vincent Timothée
Julia Cabanès / © Vincent Timothée
Les Amis du musée de l’Homme, Le prix Leroi-Gourhan, (A) Polyèdre d’Ain Hanech (Algerie), N° inv. 52.1.13, conservé à l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris. (B) Sphéroïde d’Ain Hanech (Algerie), N° inv. 53.3.3 conservé à l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris. (C) Bolo d’Aïn el Hallouf (Maroc), N° inv. 57.25.593 conservé au musée de l’Homme., photographie : © Julia Cabanès
(A) Polyèdre d’Ain Hanech (Algerie), N° inv. 52.1.13, conservé à l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris. (B) Sphéroïde d’Ain Hanech (Algerie), N° inv. 53.3.3 conservé à l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris. (C) Bolo d’Aïn el Hallouf (Maroc), N° inv. 57.25.593 conservé au musée de l’Homme. / © Julia Cabanès